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Et si on parle du stade du 5 juillet… son histoire mérite d’être racontée

Avec l’inauguration des stades de Baraki et d’Oran, bientôt ceux de Douéra et de Tizi Ouzou et avec la rénovation des stades de Annaba et de Constantine, l’Algérie renforce considérablement son potentiel d’installations sportives pour l’élite..

Dans l’ambiance du Championnat d’Afrique des nations, les yeux sont rivés sur ces nouvelles grandes infrastructures.

Du coup, le stade du 5 juillet, perd définitivement son statut de stade central d’Algérie; ce stade qui a abrité souvent les matches de l’équipe nationale – 114 rencontres selon un décompte – , 37 finales de la coupe d’Algérie, les grands derbies algérois et d’autres matches comptant pour les compétitions internationales et nationales. Sur ce plan Il possède un palmarès étoffé.

Si on lui transpose en ce moment une âme humaine, il ne peut être que jaloux et triste; jaloux de voir ces nouvelles enceintes pousser sous ses pieds et faire l’objet de traitement particulier en bénéficiant d’équipements des plus modernes, triste de perdre le privilège d’accueillir les grandes manifestations sportives. Déjà dans le dossier de candidature de l’Algérie pour la Coupe d’Afrique des nations de 2025, ce monument a été en quelque sorte humilié. Il a été relègué au statut de remplaçant. Grandeur et décadence. En d’autres termes moins élégants, il ne bombera plus le torse comme avant. Certes il n’est plus jeune mais il n’est pas vieux aussi, si on le compare à la plupart des stades d’Europe construits au 19ème et au début du 20ème siècle et qui sont toujours en activité à l’image du stade Sheffield érigé en 1850

L’histoire du mastodonte d’Alger

Le mastodonte d’Alger a quand même une histoire qui mérite d’être racontée, une histoire pleine d’originalités.

Tout d’abord signalons que le stade 5 juillet a bouclé il y a six mois ses cinquante ans. Il a été inauguré le 17 juin 1972 par le président Houari Boumediène. A l’époque , on considérait que l’Algérie venait de réaliser l’un des plus importants projets de la première décennie de l’indépendance.

L’idée de construire un grand stade à Alger remonte aux années cinquante lorsque les autorités coloniales avaient pensé monter une grosse infrastructure sportive à l’endroit où se trouve actuellement l’hôtel Aurassi. C’était pour compléter les installations sportives qui s’étalaient jusqu’aux terrains sportifs de l’actuel Ouaguenouni. A cette place, se trouvait un terrain en gazon naturel mais dédié à l’athlétisme. Imaginez un instant le stade du 5 juillet surplombant la baie d’Algérie. Il aurait décroché la distinction du plus beau stade du Monde. Les événements vécus par le pays durant cette période ont détourné tout l’intérêt pour ce dossier. Ces événements s’appellent la lutte de libération lancée en 1954 menée par les algériens durant plus de sept ans de guerre contre l’occupation française. .

A l’indépendance en 1962, la relance du projet a commencé à faire son chemin dès les premières années durant la période de Ahmed Ben Bella mais pour le premier président de la République Algérienne, ce n’était pas une priorité. Il était surtout préoccupé par l’organisation de la seconde conférence des chefs d’Etat asiatiques et africains; la première a eu lieu en 1955 à Bandung en Indonésie qui a constitué une grande fenêtre sur le monde pour la révolution algérienne. C’est une sorte de reconnaissance de l’Algérie que devait traduire dans les faits Ben Bella à l’égard de ces pays qui ont soutenu et aidé la lutte armée. .Ben Bella voulait transmettre ce message.

Dans ce cadre et en prévision de ce rassemblement politique, Ben Bella a décidé de construire un grand Hôtel de haut niveau pour ses futurs invités. Il a opté pour le terrain qui devait accueillir à une certain moment le grande stade d’Alger.

Le jour de la pose de la première pierre, un journaliste sportif de l’APS, avait commenté la décision comme suit : « L’Etat a préféré ériger un hôtel pour les riches au détriment d’infrastructures sportives destinées aux masses populaires». Ces termes, en vogue dans les années soixante, sont arrivés dans les oreilles de Ben Bella. On a rapporté  à l’époque que ce journaliste a été convoqué par le Président de la République en personne. Le chef de l’Etat l’a sermonné et il lui a fait rappeler qu’il est un amateur du foot et qu’il était un ancien footballeur et un ancien joueur de l’Olympique de Marseille.Une manière de lui dire c’est pas toi qui va me donner de leçons sur le football.

Les travaux de construction, confiés à des entreprises égyptiennes ont été suspendus et le sommet a été annulé suite au coup d’état du 19 juin 1965 mené par le colonel Boumediene.

Signalons qu’avant d’être déposé, Ben Bella avait donné le premier coup de pioche au futur grand stade au lieu dit Oued Lakhal à mi-distance de Ben Aknoun et Dely Brahim. C’était un espace complètement dépourvu d’habitations et d’habitants; une zone utilisée comme lieu de pâturage par les bergers du coin.

Au début, les algérois l’appelaient Stade de Chéraga parce que c’est la  grande localité proche du lieu

Un bureau d’étude hongrois pour le concevoir

La conception a été confiée à un bureau d’étude Hongrois – L’Algérie entretenait de bonnes relations avec le bloc socialiste – . Ce bureau n’a toutefois pas fait l’effort dans l’originalité pour nous concevoir un projet singulier, il a reproduit les mêmes études que celles qui ont servi à la réalisation du stade de Budapest, capitale de la Hongrie. C’est une reproduction pure et simple. Mais il faut reconnaître que le stade du 5 juillet,conçu sous forme de fer à cheval, était une merveille en son temps. Signalons son frère de Budapest a changé de look.

Les travaux de réalisations du 5 juillet ont été exécutés par des sociétés algériennes et françaises qui, il faut reconnaître, ont livré à un produit de grande qualité.

En 1968, le Secrétaire général du Ministère de la Jeunesse et des sports avait annoncé dans une conférence de presse que l’ouverture du Stade est programmé en 1970 mais les travaux se sont poursuivis jusqu’en 1972.

En 1971, Alger avait été choisi comme ville pour l’organisation des jeux des pays méditerranéens de 1975 ; ce qui a poussé les autorités à lancer l’édification d’une cité olympique à proximité du stade. Cette cité porte aujourd’hui le nom de Mohamed Boudiaf, le président assassiné.

Le stade devenu un lieu de pèlerinage

Le 17 juin 1972, soit dix ans après la proclamation de l’indépendance, Houari Boumédiene est venu à Oued Lakhal pour inaugurer le projet dont son prédécesseur avait posé la première pierre. A cette occasion, fut organisé un tournoi international qui a réuni une sélection maghrébine avec les meilleurs joueurs d’Algérie, de Tunisie et du Maroc, le champion Brésilien Palmeiras, le grand club italien Milan AC avec Gianni Riveira ainsi qu’une sélection hongroise de Budapest.

D’une capacité de 65 000 spectateurs, le stade a connu le jour de son ouverture un engouement évalué au double, pourtant les billets mis en vente dans plusieurs points de la capitale étaient épuisés quelques jours avant.

Le spectateur contraint et habitué de suivre les matches au stade 20 août ou stade de Bologhine dans les conditions de confort les plus détestables, découvre avec émotion et fierté cette nouvelle réalisation, d’autant plus que même les tickets d’entrée, proposés avec une numération; indiquaient l’emplacement exact dans les tribunes presque comme dans les salles de cinéma. Les prix variaient selon ces endroits, couvert, non couverte, bas, haut. Cependant cette expérience n’a duré que le temps du tournoi inaugural.

La découverte du gazon artificiel

En pénétrant dans l’enceinte olympique, le spectateur se sent réellement ailleurs surtout quant il découvre le tapis vert couvrant le terrain. Cette couleur verte est naturellement plus agréable et reposante pour les yeux que le gris et le jaune du tuf des autres stades

C’était la première aire de jeu en Algérie à bénéficier du revêtement synthétique. Les autres terrains des stades algériens étaient faits tous de tuf sauf le stade Chabou de Annaba en gazon naturel.

Durant les premiers jours, le stade est devenu comme un lieu de pèlerinage qui reçoit la visite des amoureux du foot ou de simples visiteurs même en dehors des rencontres sportives. Bien sur, il y avait des citoyens mécontents qui n’ont pas apprécié que l’argent soit dépensé dans ‘’cette inutile réalisation’’. la considérant comme une opération de prestige.

Le stade du 5 juillet a rendu d’immenses services au football algérien surtout avec cette aire au gazon synthétique, la Fédération ne rencontrait aucun problème de programmation sur ce terrain qui supportait matches et séances d’entraînement à longueur de la journée. Le stade accueillait dans les années soixante deux rencontres dans la même journée .

Cependant, le gazon synthétique, à ses premiers pas, coûtait très cher, mais malgré cela, les pouvoirs publics, ont dans le cadre des prochains jeux méditerranéens de 1975, revêtu les terrains stades d’Alger ( Kouba, 20 Août et Bologhine) de ce tapis.L’Algérie compte actuellement parmi les rares pays à généraliser le synthétique. Elle n’a seulement équipé tous ses stades de compétition mais elle l’a étendu aux terrains de proximité ou aux terrains des quartiers..

A signaler toutefois que la pelouse synthétique exigeait des souliers adaptés. Les étrangers qui venaient jouer en Algérie ont exprimé leurs réserves pour ne pas dire leur rejet. Ce qui a amené la FIFA à inviter les fédérations nationales à favoriser le gazon naturel. C’est sur la base de cette recommandation, les autorités nationales ont procédé en 1980 au revêtement du terrain par du gazon naturel. On a confié l’opération à une société hollandaise qui a planté aussi au niveau du terrain actuel du golf du gazon de substitution. Malheureusement, jusqu’à présent, tous les gestionnaires qui se sont succédé au niveau du stade n’ont pas réussi à «mater» cette petite plantation, et à chaque fois le stade ferme ses portes à cause de la détérioration de l’herbe. Faute d’entretiens, manque de technicité, … .

Premier match officiel

Le premier match officiel joué dans cette nouvelle enceinte est la finale de la coupe d’Algérie de 1972 qui a réuni l’USM Alger et Hamra Annaba avec un face à face des deux frères Attoui, Ali et Ahmed . C’est Hamra qui est sorti vainqueur, ajoutant ce titre à celui de champion d’Algérie décroché en 1964. Mais le premier but officiel a inscrit par Nacer Guedioura avec l’équipe juniors de l’USM Alger contre le RC kouba en finale de cette catégorie disputée en ouverture de la grande finale.

En 1975, le stade a abrité la cérémonie d’ouverture et de clôture des Jeux Méditerranéens de 1975 les compétitions d’Athletisme et des matches de football dont la mémorable finale de ces jeux qui a opposé l’Algérie à la France amateur.Cette rencontre revenue aux Verts reste gravée dans les mémoires des algériens.

L’autre confrontation historique qui a eu pour cadre ce stade est la finale retour entre le MC Alger et Hafia Conakry de Guinée comptant la coupe d’Afrique des champions des clubs. Battu à l’aller par 3/0 à l’aller les Mouloudéens ont réussi à remonter le handicap et remporter le trophée grâce aux tirs aux buts dans une ambiance identique à celle des JM de 1975 .

En 1978, le stade a abrité le tournoi des jeux africains qui a vu l’Algérie remporter la finale contre le Nigeria.

Face au même pays, et sur le même terrain, en 1990 les algériens se sont adjugés pour le première fois la coupe d’Afrique des nations.

Seulement cette dernière compétition s’est déroulée dans un climat de politique nationale délétère, conséquence des événements d’octobre 1988 marqués par un soulèvement populaire de grande ampleur contre le régime en place. La pays risquait de basculer, ce qui a amené le Président de l’époque Chadli Bendjedid à prendre des décisions radicales parmi lesquelles la révision de la constitution et l’instauration d’un multipartisme.Le nouveau jeu politique s’articulait autour de trois tendances : Islamistes, laïque et démocratique.

A la faveur de ces changements, le stade du 5 juillet est sollicité cette fois-ci par des associations politiques et par la société civile pour organiser cette fois-ci des manifestations; artistiques et politiques à l’exemple du grand rassemblement du nouveau parti islamiste, le FIS, mis sur pied en prévision des élections locales.Ce meeting qui ressemble à une démonstration de force a réuni plus de cent mille personnes venues de toutes les contrées du pays. Il a été suivi par la suite par l’organisation d’un grand gala artistique animée par le chanteur Cheb Hasni. Ces deux images reflétaient l’Algérie des années 90.

Le Stade du 5 juillet a accueilli plusieurs grands clubs du monde parmi lesquels la Juventus d’Italie, le Réal Madrid d’Espagne, Manchester United d’Angleterre, le PSG de France, le Bayen d’Allemagne et beaucoup d’autres clubs du Brésil et d’Europe.

Le drame de septembre de 2013

En 2013, plus précisément le 21 septembre, le stade a connu un terrible drame. Une partie de la tribune s’est effondré sous les pieds des spectateurs provocant la mort de deux supporteurs de l’USM Alger Seïf Eddine Derghoum (21 ans) et Sofiane aâzib (26 ans),. Ils sont tombés du haut de la tribune. C’était lors du match derby contre le MC Alger. Le stade est fermé pendant de longs mois. Les matches de l’EN et des finales ont délocalisées à Blida, au stade Mustapha Tchaker. L’enquête qui a suivi a déterminé qu’il y a eu des défaillances au niveau des dalles et de l’étanchéité au niveau des gradins fragilisés par la pose des sièges non conforme aux normes..

Lors de sa visite au Stade pour le début des travaux de consolidation des tribunes, le premier ministre de l’époque, M.Abdelmalek Sellal avait donné des instructions pour l’agrandir et le doter d’une toiture . Cette instruction a été donnée à une époque où l’Algérie nageait dans la BAHBOUHA (opulence) financière mais l’inattendue crise a rattrapé très vite les rêveurs.Les pouvoirs publics, dans l’incapacité de soutenir financièrement les projets en souffrance comme le stade de Baraki, Douéra et Tizi -Ouzou, ont renoncé au projet mais ces derniers temps l’idée de le rénover est revenu au devant de la scène, pas plus tard que le 12 janvier 2023, le Président de la République, Abdelmadjid Tebboun l’a évoqué dans un point de presse juste après la cérémonie d’inauguration du stade de Baraki mais tout ce qui est sûr quelque soient les efforts qu’on va fournir en sa faveur rien ne sera comme avant. .

Les fréquentes fermetures ont fait rater au stade 5 juillet un certain nombre de grands rendez vous tels que les matches éliminatoires de la coupe du Monde 1982, 2010, 2014, 2018 et 2022)… Seulement il n’y a pas que les travaux de rénovation et d’entretien qui obligèrent la délocalisation les matches de l’EN, il y a eu aussi des raisons subjectives de la part des responsables du Ministère ou de la FAF. Ces derniers fuyaient l’assistance algéroise jugée dur dans ses jugements à la limite hostile vis à vis des verts. Certains ont attribué au stade du 5 juillet le vocable de TRIBUNAL.(DAR ECHERAA).

Un jour, ce même public a étonné tout son monde, en se mettant carrément du côté de l’adversaire contre l’équipe nationale des mois 23 ans dès les premières minutes. Heureusement que cet adversaire s’appelle la Palestine. Cet attitude a surpris les palestiniens eux même. Les 60 000 spectateurs qui se sont déplacés au stade du 5 juillet ont donné leur voies du début à la fin du match. Ce comportement politique relayé à travers les médias internationaux notamment arabes a été accueilli avec satisfaction par le peuple algérien le peuple palestinien tous les peuples libres. C’était un message de soutien à la cause palestinienne des plus clairs.

Le terrain des Tagarins

 

Les terrains de Ouagnouni

Le Stade de Budapest (Hongrie)

Les gradins du 5 juillet en refection

Le stade du 5 juillet

La maquette du futur stade du 5 juillet

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